Si la question du boycott de la Coupe du monde au Qatar est revenue en force dans les médias, force est de constater que la sélection polonaise boycotte déjà le football depuis l’entrée en fonction de Czeslaw Michniewicz… A deux mois de la Coupe du monde au Qatar, la sélection polonaise semble toujours être en chantier et le maître d’œuvre Michniewicz paraît avoir du mal à porter ce costume, sans doute un peu trop grand pour lui…
La Guerre des goals n’aura pas lieu
Dans les buts, débarrassé du spectre Lukasz Fabianski, Szczesny semble aujourd’hui indiscutable. Si l’on pouvait penser que Dragowski, Skorupski et Majecki viendraient concurrencer le portier de la Juventus, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dragowski a quitté la Fiorentina pour la Spezia, Majecki est parti de Monaco pour le Cercle de Bruges (plus que jamais en difficulté dans le championnat belge) et Skorupski, bien qu’indiscutable à Bologne, ne s’est jamais imposé en sélection où il n’a disputé que 7 matchs en 10 ans.
Panne de pistons
En défense Bereszynski et Frankowski pourtant très bons dans leurs clubs respectifs (la Sampdoria et le RC Lens) se révèlent toujours aussi fébriles en sélection tout comme Robert Gumny. On attend avec impatience le retour de Matty Cash, seul candidat réellement fiable à ce poste de piston droit. A gauche, pas mieux. Nicola Zalewski a été testé à ce poste sans grand succès. Il faut dire aussi que la sélection doit faire le deuil de grands espoirs qui n’ont jamais confirmé à l’image de Michal Karbownik, acheté par Brighton, prêté à l’Olympiakos du Pirée la saison dernière (ou plutôt à la réserve de ce club car le Polonais a plus joué avec cette dernière qu’avec l’équipe première…) et qui tente de relancer sa carrière au Fortuna Düsseldorf (en deuxième division allemande) ou d’un Tymoteusz Puchacz qui cire le banc de l’Union Berlin.
Bref, tout cela est plutôt embêtant lorsque l’on a un système tactique qui s’appuie largement sur ses fameux pistons….
Seule bonne surprise dans la défense, le joueur de la Spezia courtisé par le Milan AC : Jakub Kiwior.

Panne de sélectionneur
On pourrait aussi à ce stade, remettre en cause les compétences du sélectionneur au charisme d’huître Czeslaw Michniewicz. L’effectif est loin d’être mauvais sur le papier mais Michniewicz qui a succédé à Jerzy Brzęczek ne semble pas plus inspiré. La marche n’est-elle pas trop haute lorsque l’on passe du Bruk Bet Termalica, du Bielsko-Biala ou de la sélection U21 à l’équipe nationale polonaise ? 8 rencontres, aucun match référence, 3 victoires, 3 défaites et 2 matchs nuls. Le moins que l’on puisse dire c’est que le bilan est contrasté… Il faudra tout de même très vite penser à l’après Coupe du monde 2022 sur le banc polonais. On a longtemps entendu parler de Fabio Cannavaro qui ne semblait effectivement pas la meilleure solution (finalement non retenu, de peur qu’il ne prenne la place de Glik sur le terrain…?!?…). Quid alors d’un Laurent Blanc ? D’un Andrei Schevchenko ou d’un Hervé Renard (dont la maman est d’origine polonaise rappelons-le) ? Les successeurs d’Adam Nawalka ont tout de même beaucoup de mal à proposer un football de qualité avec un effectif loin d’être mauvais sur le papier… Tout dépend de la façon dont on le fait jouer…
Panne de tauliers
Excepté Robert Lewandowski, la sélection connaît aussi une véritable « panne de tauliers ». S’ils sont toujours dans le groupe, Glik et Krychowiak ont vraiment fait peine sur ces derniers matchs de Nations league et ils semblent désormais très loin du niveau requis pour une Coupe du monde. Toutefois, sans trop comprendre pourquoi, ils sont toujours présents en sélection et pire, sur le terrain. Ce qui interroge aussi une grande partie de la presse polonaise. Nous aurions pu voir Bednarek émerger comme cadre de cette équipe, hélas, il a perdu sa place de titulaire à Southampton cette saison et il semble régresser au fil des matchs.

L’espoir du milieu
Si la défense ou l’attaque ne sont pas au top, la sélection peut tout de même compter sur son milieu de terrain. Entre Szymon Zurkowski, Mateusz Klich (pilier à Leeds), Karol Linetty (indispensable au Torino), Sebastian Szymanski (auteur d’un début de saison brillant au Feyenoord Rotterdam (ex club d’Ebi Smolarek et de son père Wlodimierz) avec 2buts et 3 passes décisives en 6 matchs), Piotr Zielinski (4 passes décisives et 3 buts en 9 matchs avec le Napoli), Nicolas Zalewski (titulaire à l’AS Roma et qui bénéficie de la bienveillance de José Mourinho en ce début de saison), le milieu de terrain pourrait être une clé pour la sélection. On attend aussi le retour de Krystian Bielik (toujours blessé) et du lensois Lukasz Poreba qui semble se rapprocher de plus en plus de cette sélection. Encore faudrait-il un sélectionneur capable de trouver comment bien utiliser les uns et les autres et que le milieu ne soit pas esclave des errements constants de sa défense. Dommage tout de même de ne pas voir ces joueurs brillants, rapides, techniques et intelligents apporter plus à la Pologne…
Attaque fragile
En attaque, on ne va pas se mentir, tout repose toujours sur Robert Lewandowski. Un peu trop du reste, à tel point que le joueur du Barça a semblé très agacé lors des deux derniers matchs où il n’a pas trouvé le chemin des filets adverses. A part lui, Karol Swiderski reste un bon élément avec des entrées percutantes et décisives (8 buts en 17 sélections) et Milik qui reste irrégulier et trop souvent maladroit devant le but. Buksa (5 buts en 9 sélection) revient tout juste de blessure et s’il retrouve le rythme avec le RC Lens, nul doute qu’il pourrait être du voyage au Qatar.
De son côté, Piatek peine à se stabiliser et un peu à l’image de Bednarek, il semble aussi régresser. Non pas qu’il ait perdu sa place en club comme son compatriote de Southampton mais qu’il peine vraiment à trouver un club. En trois ans, Piatek aura connu le Genoa, le Milan AC, le Herta Berlin, la Fiorentina et la Salernitana, tout un programme…
On attend aussi de voir davantage Jakub Kaminski (Wolfsburg), Michal Skoras (Lech Poznan) et pourquoi pas Bartosz Bialek (Wolfsburg – prêté au Vitesse Arnhem tout comme Kacper Kozlowski, autre candidat sérieux à une place au milieu de terrain).

A quelques semaines de la Coupe du monde, on a encore beaucoup de mal à voir la Pologne sortir aisément de son groupe (même sortir tout simplement de son groupe), battre le Mexique (pas le meilleur de son histoire) et éviter une défaite face à l’Argentine qui paraît déjà inéluctable. Pire, il n’est pas impossible qu’une mauvaise surprise se profile face à l’Arabie Saoudite (toujours piège en Coupe du monde). Le chantier sera sans doute alors loin d’être terminé…