Mauvaise idée !

Le passage à 18 clubs annoncé cette semaine est une catastrophe annoncée pour le championnat polonais. Tout d’abord, parce qu’il faut bien se l’avouer, le niveau du championnat polonais est de plus en plus affligeant. La Pologne n’a plus de clubs en phases de poules de grandes compétitions européennes et perd du temps mais aussi, beaucoup d’argent. Il faut être lucide, la Pologne n’a pas 18 clubs de haut-niveau dans le pays et elle n’en a d’ailleurs même pas 16. La victoire du Piast Gliwice l’an passé, éliminé (plutôt facilement) dès les tours préliminaires de la LDC par le BATE Borisov est du reste, signe de cette faiblesse grandissante du championnat. Chaque saison, des clubs arrivent en Ekstraklasa sans en avoir ni le niveau, ni les infrastructures. Résultat : des moyennes de spectateurs plombées, par Bruk-Bet et le Sandecja lors de la saison 2017-2018 (respectivement 2 777 spectateurs et 1 684 de moyenne cette saison-là) ainsi que par Sosnowiec la saison passée (3 589 spectateurs en moyenne sur la première partie de saison, celle où il fait beau et où les gens sortent encore de chez eux pour aller au stade…)
Ces faibles affluences sont liées aux infrastructures ridicules (le Rakow Czestochowa cette saison a un stade de 4 200 places et en 2017-2018, le Sandecja en avait 5 000 et Bruk-Bet 4 595) mais aussi aux « matchs-déchets » joués entre ces équipes. Si le spectacle n’est déjà pas au rendez-vous en haut de tableau et que les vidéos de ratés fleurissent chaque week-end sur Internet, que dire de ce que l’on voit en queue de classement…

Ainsi, plutôt que de passer à 18 clubs, jouer l’Ekstraklasa avec 14 clubs serait préférable. Au début des années 2000, en ayant conscience qu’il n’y avait pas suffisamment de clubs au niveau élite, le championnat polonais se jouait entre 14 clubs, rien de nouveau donc…
A 14 clubs, avec la hausse des droits TV (passés de 155 000 000 de zlotys à 225 000 000 [soit plus de 50 000 000 d’euros] ce qui fait de l’Ekstraklasa le 8ème championnat en termes de droits TV) les clubs qui finiraient le championnat dans les premières places auraient une plus grosse part du gâteau. Ce qui leur permettrait alors d’investir dans la formation.
On peut se poser aussi la question d’imposer (ou non) un nombre de jeunes formés au club sur les feuilles de match chaque week-end. Faut-il voir des joueurs seconds couteaux espagnols, serbes … ou des jeunes pousses polonaises (comme Wojtkowski et Buksa du Wisla Cracovie, Gumny, Marchwinski, Puchacz et Jozwiak du Lech Poznan, Placheta du Slask Wroclaw…) ?

La hausse des budgets permettrait aussi aux clubs d’investir ou de retenir les meilleurs joueurs, bref d’arrêter d’avoir des effectifs formés de bric et de broc comme c’est le cas aujourd’hui. Les joueurs les plus chers achetés cette saison sont Pawel Cibicki (450 000 euros en provenance de Leeds vers le Pogon) et Satka (venu au Lech Poznan du Dunajska Streda pour 750 000 euros). Pendant ce temps, c’est la fuite des bons joueurs, plutôt bien vendus : Dziczek (2 millions d’euros), Niezgoda (3.6 millions d’euros), Klimala (4 millions), Szymanski (5.5 millions)…

Aujourd’hui, les clubs polonais ont des budgets équivalents à la Ligue 2 française. Le Legia a le même budget que Guingamp et Lorient (25 millions), le Lech Poznan, deuxième club du pays, a le budget du Havre (un peu moins même – 13.5 millions d’euros contre 14 pour le HAC), le Lechia Gdansk a 11 millions soit moins que des clubs comme Sochaux ou Nancy (15 millions), le Jaga a un peu moins que les Chamois de Niort (9 millions) et Wisla krakow a le budget de Chambly.

Cette diminution du nombre de clubs en lien avec la hausse des droits TV ne serait efficace qu’avec un organisme de contrôle de gestion des clubs type DNCG française. Dans ce contexte, la mise en place d’un tel organisme serait une condition sine qua non, sous peine de voir l’argent partir dans des transferts « bidons » et détourné de son but initial… Cela pourrait être l’occasion pour la fédération PZPN (actionnaire à 7.2% contre 92.8% pour la ligue) de Boniek d’avoir une quelconque utilité en occupant cette fonction. Quand on voit les erreur de gestion et la façon anarchique dont le Legia Varsovie souffre depuis son épopée en Ligue des champions il y a trois ans, on se dit qu’un organisme qui encadrerait les clubs, les dépenses et les projets à financer (ou non), ne serait pas de trop.

A terme, ce système pourrait permettre l’avènement d’un « big four » ou d’un « big five » avec des clubs formateurs et compétitifs aux infrastructures dignes d’un grand championnat national. On peut penser ici au Legia, au Lech, au Slask, au Cracovia, au Jaga et pourquoi pas (quand il se sera remis de ses mésaventures et de ses discordes internes) le Wisla. Cette « élite dans l’élite », outre le fait de nous offrir des affiches dans des stades pleins et chauds-bouillants et un niveau de jeu attendu, pourrait aussi viser les phases de groupes en Europa ligue et Ligue des champions (et aussi, pourquoi pas, attirer de nouveaux actionnaires….), sans être pour autant une ligue fermée. En bas de tableau, deux descentes sèches et un ou deux barrages pourraient permettent un renouvellement des clubs (revoir le Stal Mielec ou le club de Bielsko-Biala dans l’élite et ainsi, goûter au (nouveau) gros gâteau des droits TV de l’Ekstraklasa, pourrait être pertinent).

Le retour des clubs polonais en Coupe d’Europe, c’est bel et bien le nerf de la guerre. Pendant que les joueurs des clubs polonais regardaient les coupes européennes de leur canapé, les grands clubs empochaient la monnaie.

Entre 2003 et 2013, le Bayern empochait 295 millions d’euros, le Barça gagnait 304 millions d’euros, le Milan AC (champion seulement à deux reprises sur ces années) grattait 270 millions et des clubs jamais champions se faisaient des petits billets rien qu’en participant (la Roma : 126 millions, Villaréal et le FC Séville : 41 millions…

Quand on sait que cette saison, une participation en phase de groupes rapportait 15.25 millions d’euros, qu’une victoire est chiffrée à 2.7 millions et un nul à 900 000 euros, on comprend l’importance (et l’urgence) qu’il y a à participer à ces compétitions, sans pour autant aller vers une Ekstraklasa fermée mais le tout, encadré par un organisme de surveillance de gestion des clubs, sans ça…

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